Alessa Carmine
Physique
Taille
1m66Poids
55kgCheveux
Châtains clairs, rien de folichonYeux
De beaux yeux émeraude cette fois-ci, frappés d'une timide clarté.Signes particuliers
iciPrénoms
AlessaDate de naissance, âge
17 décembre, 20 ansNationalité
ItalienneCamps
Partisane du 14thMétier
Chanteuse, sorcière partisane. Que pensez-vous de la guerre ?
Depuis qu'elle s'est détachée du cocon familial et malgré son appartenance, Alessa attend toujours de savoir quel est véritablement sa place dans cette guerre...Tout ce qu'elle sait en revanche, c'est que le 14th est la clef.Histoire
"Alessa, lève les yeux et dis-moi que tout va bien."
La petite fille de six ans n'osa pas s'exécuter. Ses oreilles bourdonnaient encore des cris sourds, des pleurs de rage et des échos martiaux. Il lui semblait découvrir le monde de la plus mauvaise manière qu'il soit: dans un bain de sang. Elle n'était pas une assassin, du moins ne s'estimait-elle pas affublée d'un tel titre, mais c'était sans compter ce liquide qui coulait encore et toujours dans ses veines: le sien, oui. Ce sang, il tapait, plus que de coutume. Mais pouvait-on défaire ainsi des traditions familiales? Carmine est elle, et elle est Carmine. Cet appel fut clair comme de l'eau de roche. Même gamine, à quoi pensait-elle en fuyant ainsi?
Dans ce carnage, des innocents avaient payé le prix fort. Un vie écourtée, c'est bien peu, si peu dans le fond pour certains. Mais pour Alessa, c'était déjà un gâchis. Et tandis que son père et elle fuyaient loin, très loin du carnage qui avait ravagé leur ville près des Cinque Terre, la petite fille sentait la pression qui pesait sur les épaules de son père, Ezio Carmine: de la rage. Le feu qui brûlait leur demeure d'une fumée noir comme le charbon s'étalait jusqu'au ciel, tel une insulte, telle une oriflamme ennemie. Le conquérant plantait son drapeau pendant que le vaincu ramassait ce qu'il restait de lui et de ses richesses. Assurément, ce n'était pas l'oeuvre d'un Akuma mais de quelque chose de plus...Grand. suffisamment pour brûler le savoir d'une famille toute entière, sorcière depuis déjà quelques générations.
Mais ils n'avaient plus le choix. Il leur fallait reconstruire une vie, une couverture et survivre.
Une nouvelle vie commença alors pour les deux membres restants de cette petite famille. Les années filèrent pour voir cette enfant devenir une adolescente de treize années. Patient, Ezio avait fini par trouver un bon refuge à Venise, d'où il ne manqua pas de lui donner une bonne éducation ainsi qu'une bonne vie. Fortement peuplée, les clochers étaient hauts, les rives pleines de charmes et les artistes, ravis par l'air bienheureux et gourmand des amoureux transis. Une carrière fut reconstruite, un songe d'antan devint un fantôme du passé, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Que demander de plus? A quoi bon contaminer son enfant de cette sorcellerie ancienne qui lui avait privé de sa mère, quand sa jeune fille souriait malgré tout d'un air charmant? Quitte à se mentir à lui-même, l'homme Carmine préférait qu'Alessia n'y réfléchisse pas, bercée par le son rassurant de sa flûte. Et si le regard de l'adolescente pouvait se montrer interrogateur, Ezio Carmine y répondait avec tout l'amour qu'il pouvait lui donner.
Oublier oui, pour ne pas sombrer autant qu'il ne le faisait dans une idée de Vengeance absurde. Ce qui ne l'empêchait nullement d'exercer sa propre influence de son côté. Car un sorcier avait soif depuis qu'il avait pris goût à la traque. Un sorcier sortait les soirs pour accomplir son rituel, seule et unique chose qui apaisait son mal et le guidait dans ses croyances. Après tout, n'était-il pas le dernier vestige d'une offrande faite par le 14th? C'était bien le genre d'histoire qu'il se permettait de conter à sa plus jeune fille pour ne pas perdre les traditions.
"Père, tu ne m'as jamais parlé de ce que faisait la famille, avant qu'on ne vienne à Rome.
L'homme tiqua, suspendit son geste comme s'il venait d'être pris de court. Après quelques secondes de silence, il reprit le fil de ses pensées.
-Nous étions artistes, comme aujourd'hui.
Intriguée, Alessa ne cacha pas son intérêt. Piquée à vif, elle ressentait le besoin d'en savoir un peu plus. Que faisait sa mère? Etait-elle poète? Chanteuse, comme elle le serait peut-être à l'avenir, ou bien jouait-elle de la flûte traversière, comme ce cher père? Difficile à dire. Difficile, mais il ne tenait qu'à son père de lui confier quelques anecdotes. Quant au sorcier en question, ce dernier parut réfléchir longuement, avant de lui répondre à l'affirmative.
- Tu sais, je peux toujours te raconter quelques anecdotes familiales, pour commencer...Il y a beaucoup à en dire, beaucoup oui.
- Je suis loin d'être contre, Père...Je ne peux pas m'empêcher de penser que tu as tout de même...Eh bien, un peu de pudeur quand on en parle. Pourtant, j'ai toujours voulu en savoir plus...Je n'ai pas énormément de souvenirs de cette époque, alors...
Un sourire pâle mais fort de sens orna les lèvres d'Ezio. Cette dernière confession ne l'étonna pas le moins du monde. Ces souvenirs, il s'était lui-même chargé de les sceller, afin de laisser une seconde chance à cette fille.
- On peut commencer par un conte familial, si tu veux...
- Ce serait avec grand plaisir.
Assis sur l'un des fauteuils du salon, Ezio savait qu'il ne pouvait pas véritablement coupé aux..."initiations". Mais tant que cela restait encore en dehors du cadre qu'il connaissait bien, cela ne le dérangea pas plus que de coutumes.
-Il y a de cela quelques siècles, un peintre fut le Témoin d'une sombre bataille. Bien qu'il ait maintes fois essayé de l'éviter, cet homme un peu lâche ne pouvait la fuir inexorablement : qu'importait l'endroit où il se trouvait, Dame Bellum le rattrapait de plus belle, vêtue de sa longue et somptueuse robe carmine. Elle l'appelait, plaidait, que dis-je! Lui hurlait de venir à elle! Lui intimait de choisir entre l'amour et la famille.
- Et cet homme lui a répondu, n'est-ce pas?
- En quelque sorte. Durant plusieurs années, au seuil de la Folie, ce dernier lutta de toutes ses forces pour préserver son art et sa liberté. Et s'il ne pouvait prendre tous ces tableaux durant son voyage, ce dernier décida de sacrifier ses derniers peintures pour accorder une dernière prière à Dieu. L'amour l'incitait à prendre les armes pour lutter contre sa famille, et sa famille, elle, lui ordonnait de combattre pour autrui, quitte à détruire l'amour. Il lui fallait une parole divine pour prendre une décision. Une parole qu'il reçu à travers le vent qui soufflait sur les flammes, brûlant ses œuvres. Ces mots lui ouvrirent les yeux.
- Le fameux instant du choix, n'est-ce pas?
- C'est cela! Il décida de rejoindre son propre parti, de suivre la voix salvatrice et raisonnée qui lui avait tendu la main. Pourquoi être spectateur d'une guerre, enchaîné par les seules pensées d'un chef, quand on peut en être un acteur? Bien qu'hésitant, il fit alors son vœu: être libre. Détaché de ces querelles dont il n'en avait que faire! Et ce vœu fut alors exaucé. Le peintre n'avait jamais ressenti autant de puissance que celles que lui procuraient ses nouvelles ailes. L'amour et la famille lui sembla moins important que le sentiment de puissance que lui procurait la brise des plaines. Et même avec les milliers de graines carmines qu'il semait en son sillage, Dame Bellum lui sembla moins effrayante lorsqu'il la revit. Il avait foi en son sauveur.
Pour un conte familiale et certainement déformé par rapport à la réalité, Alessa songea qu'il était peut-être un peu plus triste que prévu, mais elle en tint néanmoins beaucoup de respect, pressentant que son père n'avait de toute évidence pas révéler tous les secrets familiales.
Mon père me l'avait conté, quand j'avais à peu près ton âge. Mais maintenant, je l'impression que c'est à moi de délivrer ce message. "Pas moi, même contre tous les autres." Ne l'oublie jamais Alessa.
Cette histoire prendrait son sens à l'avenir. Le libre-arbitre n'était pas une chose aisée à suivre, après tout. Nombre de facteurs était une influence externe qui créait opinions communes sur opinions communes. Mais ce début d'aveux fut le point de départ d'un véritable cheminement pour Alessa. Car au fin fond d'elle-même, la jeune fille n'avait probablement jamais oublié sa première initiation. Et tandis qu'à petit feu, les secrets se déliaient, la jeune fille eut tôt fait de lever le voile sur la véritable nature de son père. De sa famille aussi, par ailleurs. Le conte prenait un tout autre sens, tout comme les aller-venus de son père devenait de plus en plus compréhensible. Il cherchait à se venger...mais de quoi? Le Grand Incendie. L'équation ne fut pas difficile à résoudre, bien qu'Alessa le compara longuement à un puzzle tortueux. Un puzzle à pièce, pourvu d'un seul trou. Un élément obscur, une grande inconnue qui faisait que son père ne passerait jamais.le cap. Inquiète, la jeune fille décida de prendre son courage à deux mains et de se lancer elle-même dans l'enquête pour défaire ce fameux poids qui lui revenait en tête. Et quelle enquête énigmatique! Les hypothèses étaient multiples, pourtant la jeune fille était presque certaine qu'il ne s'agissait de nulle autre personne qu'un exorciste.
"Tu dois comprendre Alessa, que mener cette vie ne fera pas de toi quelqu'un d'aimer. Ni par les Exorcistes, ni par "Eux". Peu importe tes intentions."
Lors de ses dix-huit années, son père vit sa jeune fille reprendre de plus belle les enseignements qui figuraient dans ses livres et dans ses carnets. Depuis combien de temps avait-elle décider de prendre cette voie, de s'informer sur l'existence du 14th? Certainement trop longtemps pour qu'il ne la stoppe en cet instant. Et puis, qui était-il pour ainsi la juger? Il savait ce dont il s'agissait. Cette répétition générationnelle qui touchait chacun des Carmine, cette boucle sans fin, cet Ouroboros maudit!
Plus que tout au monde, ce père désirait éviter ce destin à sa fille. Aussi, Ezio prit les choses en main. Lorsque la jeune fille aurait dû prendre son envol, ce dernier préféra s'assurer qu'elle ne s'égare pas dans sa maîtrise, ou tout du moins qu'elle ne se mêle pas au conflit qui faisait rage en dehors de leur foyer. Pour lui, la clé résidait dans l'absence de parti pris. Ainsi, durant deux longues années, la complicité qui régnait entre père et fille devint indéniablement plus froide. Son regard émeraude et pétillant aurait pu se perdre sur le Pont des soupirs à cet instant, qu'Alessa aurait sûrement pu prendre la place des prisonniers qui le traversait sur une barque. Car voir l'édifice en question signifiait généralement ne jamais sortir de ces prisons aux malheureux bordées par le son de l'eau...Et la réalité frôlait de près cette contemplation.
Dans une prison dorée, on ne vit pas. On ne se développe pas. Et toute aussi optimiste soit-elle, la jolie brune ne fut pas une exception à la règle.
Finalement, Alessa finit par ne plus accorder tant que cela d'importance aux intentions de son père, préférant lire les enseignements de ce dernier avec discrétion. Tout en poursuivant quelques activités dans un cercle de musiciens, la jeune fille ne se rendit même pas compte qu'elle brisait l'une des premières entraves dans sa voix de partisane. La famille fut alors rapidement reléguer au second plan provisoirement. Bien qu'elle apaisait les cœurs grâce à sa musique et au souffle du vent -une arcane dont elle devint rapidement fière, car discrète et inoffensive-, l'Italienne fut prise de court lorsqu'elle fut mêlé aux premiers soucis d'un autre sorcier.
Ce fut la première fois qu'elle eut à agir contre une vie humaine. La sensation fut tout d'abord désagréable, après tout, rappelons-le: elle ne s'était jamais estimée "assassin". Mais peut-être aurait-elle dû aller jusqu'au bout: un mort, qu'il soit "Famille" ou "Amour", et les voilà pris dans un terrible engrenage sans fin. D'autres vinrent. Certains ne trouvèrent rien, d'autres y virent une piste. mais peu importait ce qu'ils décidèrent. Le chat était là; les souris ne dansèrent plus.
A sa plus grande surprise, la première victime ne fut pas sa petite personne, ni même le sorcier qu'elle cachait pour aider à son rétablissement et à sa figue, mais ce père avec qui elle se pensait être en mauvais terme. Quand elle apprit sa mort, une boule s'était nichée dans son cœur pendant de longues minutes. Face à son corps inerte, elle fut incapable de mettre le doigt sur ce qu'elle ressentait véritablement. Ezio n'avait pas eu que des qualités, mais il avait toujours tenté de veiller sur elle, quitte à la limiter dans son apprentissage alors que le chef familial la savait doué...Alors, pourquoi tout semblait se confondre?
Profondément attristée et perdue dans un premier temps, puis enfin, délivrée et soulagée...Alessa eut honte de penser cette mort en de telles termes. Elle n'avait jamais vécu sans un membre de sa famille. Et quelque part, être la dernière de sa famille était une révélation effrayante. Elle aurait dû...Dû tuer? Cette conclusion ne s'effacerait jamais de son esprit. Prendre goût au sang et au sacrifice était hors de question! Alors, assurément, si quelqu'un venait à la questionner sur cette fameuse soirée, elle répondrait tout bas "J'ai eu froid.". C'était la seule certitude que la Partisane en avait tiré. Elle avait été transie d'appréhension.
Voilà quelques jours que la jeune femme arpentait désormais le monde par ses propres moyens, par sa propre initiative. On aurait pu penser que dire adieu à Venise l'aurait effrayé, mais c'était bien loin d'être le cas. Telle un électron libre, Alessa embrassait ses choix sans aucun remord, presque sans en mesurer les conséquences. Grâce au sorcier qu'elle avait rencontré, la Vénitienne avait fuis, pour s'en aller. Loin. Très loin de cette terre aujourd'hui suspecte. Bien décidée à arpenter le monde et vivre les choses autrement que par les livres.
Tout comme elle s'éloignait désormais du Pont des soupirs de Venise, la jolie brune entreprit son propre voyage, bien décidé à découvrir les mystères de l'Apôtre disparu et de redorer le blason familial à sa manière. A sa façon, sans sacrifice inutile. Le monde n'était-il pas charmé par sa flûte, après tout? Et le vent ne semblait-il pas troubler l'ordre et appeler à la révélation là où elle passait, désormais?
Deux années, c'était déjà beaucoup pour une jeune femme qui cherchait désormais à revenir à l'origine de ce conte. Dénuée de volonté vengeresse, portée par un vent insouciant, elle était néanmoins bien volontaire dans la cause qui l'avait porté jusque-là.
"Grand Musicien, je percerais ton secret. Quoiqu'il m'en coûte."
La petite fille de six ans n'osa pas s'exécuter. Ses oreilles bourdonnaient encore des cris sourds, des pleurs de rage et des échos martiaux. Il lui semblait découvrir le monde de la plus mauvaise manière qu'il soit: dans un bain de sang. Elle n'était pas une assassin, du moins ne s'estimait-elle pas affublée d'un tel titre, mais c'était sans compter ce liquide qui coulait encore et toujours dans ses veines: le sien, oui. Ce sang, il tapait, plus que de coutume. Mais pouvait-on défaire ainsi des traditions familiales? Carmine est elle, et elle est Carmine. Cet appel fut clair comme de l'eau de roche. Même gamine, à quoi pensait-elle en fuyant ainsi?
Dans ce carnage, des innocents avaient payé le prix fort. Un vie écourtée, c'est bien peu, si peu dans le fond pour certains. Mais pour Alessa, c'était déjà un gâchis. Et tandis que son père et elle fuyaient loin, très loin du carnage qui avait ravagé leur ville près des Cinque Terre, la petite fille sentait la pression qui pesait sur les épaules de son père, Ezio Carmine: de la rage. Le feu qui brûlait leur demeure d'une fumée noir comme le charbon s'étalait jusqu'au ciel, tel une insulte, telle une oriflamme ennemie. Le conquérant plantait son drapeau pendant que le vaincu ramassait ce qu'il restait de lui et de ses richesses. Assurément, ce n'était pas l'oeuvre d'un Akuma mais de quelque chose de plus...Grand. suffisamment pour brûler le savoir d'une famille toute entière, sorcière depuis déjà quelques générations.
Mais ils n'avaient plus le choix. Il leur fallait reconstruire une vie, une couverture et survivre.
Une nouvelle vie commença alors pour les deux membres restants de cette petite famille. Les années filèrent pour voir cette enfant devenir une adolescente de treize années. Patient, Ezio avait fini par trouver un bon refuge à Venise, d'où il ne manqua pas de lui donner une bonne éducation ainsi qu'une bonne vie. Fortement peuplée, les clochers étaient hauts, les rives pleines de charmes et les artistes, ravis par l'air bienheureux et gourmand des amoureux transis. Une carrière fut reconstruite, un songe d'antan devint un fantôme du passé, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Que demander de plus? A quoi bon contaminer son enfant de cette sorcellerie ancienne qui lui avait privé de sa mère, quand sa jeune fille souriait malgré tout d'un air charmant? Quitte à se mentir à lui-même, l'homme Carmine préférait qu'Alessia n'y réfléchisse pas, bercée par le son rassurant de sa flûte. Et si le regard de l'adolescente pouvait se montrer interrogateur, Ezio Carmine y répondait avec tout l'amour qu'il pouvait lui donner.
Oublier oui, pour ne pas sombrer autant qu'il ne le faisait dans une idée de Vengeance absurde. Ce qui ne l'empêchait nullement d'exercer sa propre influence de son côté. Car un sorcier avait soif depuis qu'il avait pris goût à la traque. Un sorcier sortait les soirs pour accomplir son rituel, seule et unique chose qui apaisait son mal et le guidait dans ses croyances. Après tout, n'était-il pas le dernier vestige d'une offrande faite par le 14th? C'était bien le genre d'histoire qu'il se permettait de conter à sa plus jeune fille pour ne pas perdre les traditions.
"Père, tu ne m'as jamais parlé de ce que faisait la famille, avant qu'on ne vienne à Rome.
L'homme tiqua, suspendit son geste comme s'il venait d'être pris de court. Après quelques secondes de silence, il reprit le fil de ses pensées.
-Nous étions artistes, comme aujourd'hui.
Intriguée, Alessa ne cacha pas son intérêt. Piquée à vif, elle ressentait le besoin d'en savoir un peu plus. Que faisait sa mère? Etait-elle poète? Chanteuse, comme elle le serait peut-être à l'avenir, ou bien jouait-elle de la flûte traversière, comme ce cher père? Difficile à dire. Difficile, mais il ne tenait qu'à son père de lui confier quelques anecdotes. Quant au sorcier en question, ce dernier parut réfléchir longuement, avant de lui répondre à l'affirmative.
- Tu sais, je peux toujours te raconter quelques anecdotes familiales, pour commencer...Il y a beaucoup à en dire, beaucoup oui.
- Je suis loin d'être contre, Père...Je ne peux pas m'empêcher de penser que tu as tout de même...Eh bien, un peu de pudeur quand on en parle. Pourtant, j'ai toujours voulu en savoir plus...Je n'ai pas énormément de souvenirs de cette époque, alors...
Un sourire pâle mais fort de sens orna les lèvres d'Ezio. Cette dernière confession ne l'étonna pas le moins du monde. Ces souvenirs, il s'était lui-même chargé de les sceller, afin de laisser une seconde chance à cette fille.
- On peut commencer par un conte familial, si tu veux...
- Ce serait avec grand plaisir.
Assis sur l'un des fauteuils du salon, Ezio savait qu'il ne pouvait pas véritablement coupé aux..."initiations". Mais tant que cela restait encore en dehors du cadre qu'il connaissait bien, cela ne le dérangea pas plus que de coutumes.
-Il y a de cela quelques siècles, un peintre fut le Témoin d'une sombre bataille. Bien qu'il ait maintes fois essayé de l'éviter, cet homme un peu lâche ne pouvait la fuir inexorablement : qu'importait l'endroit où il se trouvait, Dame Bellum le rattrapait de plus belle, vêtue de sa longue et somptueuse robe carmine. Elle l'appelait, plaidait, que dis-je! Lui hurlait de venir à elle! Lui intimait de choisir entre l'amour et la famille.
- Et cet homme lui a répondu, n'est-ce pas?
- En quelque sorte. Durant plusieurs années, au seuil de la Folie, ce dernier lutta de toutes ses forces pour préserver son art et sa liberté. Et s'il ne pouvait prendre tous ces tableaux durant son voyage, ce dernier décida de sacrifier ses derniers peintures pour accorder une dernière prière à Dieu. L'amour l'incitait à prendre les armes pour lutter contre sa famille, et sa famille, elle, lui ordonnait de combattre pour autrui, quitte à détruire l'amour. Il lui fallait une parole divine pour prendre une décision. Une parole qu'il reçu à travers le vent qui soufflait sur les flammes, brûlant ses œuvres. Ces mots lui ouvrirent les yeux.
- Le fameux instant du choix, n'est-ce pas?
- C'est cela! Il décida de rejoindre son propre parti, de suivre la voix salvatrice et raisonnée qui lui avait tendu la main. Pourquoi être spectateur d'une guerre, enchaîné par les seules pensées d'un chef, quand on peut en être un acteur? Bien qu'hésitant, il fit alors son vœu: être libre. Détaché de ces querelles dont il n'en avait que faire! Et ce vœu fut alors exaucé. Le peintre n'avait jamais ressenti autant de puissance que celles que lui procuraient ses nouvelles ailes. L'amour et la famille lui sembla moins important que le sentiment de puissance que lui procurait la brise des plaines. Et même avec les milliers de graines carmines qu'il semait en son sillage, Dame Bellum lui sembla moins effrayante lorsqu'il la revit. Il avait foi en son sauveur.
Pour un conte familiale et certainement déformé par rapport à la réalité, Alessa songea qu'il était peut-être un peu plus triste que prévu, mais elle en tint néanmoins beaucoup de respect, pressentant que son père n'avait de toute évidence pas révéler tous les secrets familiales.
Mon père me l'avait conté, quand j'avais à peu près ton âge. Mais maintenant, je l'impression que c'est à moi de délivrer ce message. "Pas moi, même contre tous les autres." Ne l'oublie jamais Alessa.
Cette histoire prendrait son sens à l'avenir. Le libre-arbitre n'était pas une chose aisée à suivre, après tout. Nombre de facteurs était une influence externe qui créait opinions communes sur opinions communes. Mais ce début d'aveux fut le point de départ d'un véritable cheminement pour Alessa. Car au fin fond d'elle-même, la jeune fille n'avait probablement jamais oublié sa première initiation. Et tandis qu'à petit feu, les secrets se déliaient, la jeune fille eut tôt fait de lever le voile sur la véritable nature de son père. De sa famille aussi, par ailleurs. Le conte prenait un tout autre sens, tout comme les aller-venus de son père devenait de plus en plus compréhensible. Il cherchait à se venger...mais de quoi? Le Grand Incendie. L'équation ne fut pas difficile à résoudre, bien qu'Alessa le compara longuement à un puzzle tortueux. Un puzzle à pièce, pourvu d'un seul trou. Un élément obscur, une grande inconnue qui faisait que son père ne passerait jamais.le cap. Inquiète, la jeune fille décida de prendre son courage à deux mains et de se lancer elle-même dans l'enquête pour défaire ce fameux poids qui lui revenait en tête. Et quelle enquête énigmatique! Les hypothèses étaient multiples, pourtant la jeune fille était presque certaine qu'il ne s'agissait de nulle autre personne qu'un exorciste.
"Tu dois comprendre Alessa, que mener cette vie ne fera pas de toi quelqu'un d'aimer. Ni par les Exorcistes, ni par "Eux". Peu importe tes intentions."
Lors de ses dix-huit années, son père vit sa jeune fille reprendre de plus belle les enseignements qui figuraient dans ses livres et dans ses carnets. Depuis combien de temps avait-elle décider de prendre cette voie, de s'informer sur l'existence du 14th? Certainement trop longtemps pour qu'il ne la stoppe en cet instant. Et puis, qui était-il pour ainsi la juger? Il savait ce dont il s'agissait. Cette répétition générationnelle qui touchait chacun des Carmine, cette boucle sans fin, cet Ouroboros maudit!
Plus que tout au monde, ce père désirait éviter ce destin à sa fille. Aussi, Ezio prit les choses en main. Lorsque la jeune fille aurait dû prendre son envol, ce dernier préféra s'assurer qu'elle ne s'égare pas dans sa maîtrise, ou tout du moins qu'elle ne se mêle pas au conflit qui faisait rage en dehors de leur foyer. Pour lui, la clé résidait dans l'absence de parti pris. Ainsi, durant deux longues années, la complicité qui régnait entre père et fille devint indéniablement plus froide. Son regard émeraude et pétillant aurait pu se perdre sur le Pont des soupirs à cet instant, qu'Alessa aurait sûrement pu prendre la place des prisonniers qui le traversait sur une barque. Car voir l'édifice en question signifiait généralement ne jamais sortir de ces prisons aux malheureux bordées par le son de l'eau...Et la réalité frôlait de près cette contemplation.
Dans une prison dorée, on ne vit pas. On ne se développe pas. Et toute aussi optimiste soit-elle, la jolie brune ne fut pas une exception à la règle.
Finalement, Alessa finit par ne plus accorder tant que cela d'importance aux intentions de son père, préférant lire les enseignements de ce dernier avec discrétion. Tout en poursuivant quelques activités dans un cercle de musiciens, la jeune fille ne se rendit même pas compte qu'elle brisait l'une des premières entraves dans sa voix de partisane. La famille fut alors rapidement reléguer au second plan provisoirement. Bien qu'elle apaisait les cœurs grâce à sa musique et au souffle du vent -une arcane dont elle devint rapidement fière, car discrète et inoffensive-, l'Italienne fut prise de court lorsqu'elle fut mêlé aux premiers soucis d'un autre sorcier.
Ce fut la première fois qu'elle eut à agir contre une vie humaine. La sensation fut tout d'abord désagréable, après tout, rappelons-le: elle ne s'était jamais estimée "assassin". Mais peut-être aurait-elle dû aller jusqu'au bout: un mort, qu'il soit "Famille" ou "Amour", et les voilà pris dans un terrible engrenage sans fin. D'autres vinrent. Certains ne trouvèrent rien, d'autres y virent une piste. mais peu importait ce qu'ils décidèrent. Le chat était là; les souris ne dansèrent plus.
A sa plus grande surprise, la première victime ne fut pas sa petite personne, ni même le sorcier qu'elle cachait pour aider à son rétablissement et à sa figue, mais ce père avec qui elle se pensait être en mauvais terme. Quand elle apprit sa mort, une boule s'était nichée dans son cœur pendant de longues minutes. Face à son corps inerte, elle fut incapable de mettre le doigt sur ce qu'elle ressentait véritablement. Ezio n'avait pas eu que des qualités, mais il avait toujours tenté de veiller sur elle, quitte à la limiter dans son apprentissage alors que le chef familial la savait doué...Alors, pourquoi tout semblait se confondre?
Profondément attristée et perdue dans un premier temps, puis enfin, délivrée et soulagée...Alessa eut honte de penser cette mort en de telles termes. Elle n'avait jamais vécu sans un membre de sa famille. Et quelque part, être la dernière de sa famille était une révélation effrayante. Elle aurait dû...Dû tuer? Cette conclusion ne s'effacerait jamais de son esprit. Prendre goût au sang et au sacrifice était hors de question! Alors, assurément, si quelqu'un venait à la questionner sur cette fameuse soirée, elle répondrait tout bas "J'ai eu froid.". C'était la seule certitude que la Partisane en avait tiré. Elle avait été transie d'appréhension.
Voilà quelques jours que la jeune femme arpentait désormais le monde par ses propres moyens, par sa propre initiative. On aurait pu penser que dire adieu à Venise l'aurait effrayé, mais c'était bien loin d'être le cas. Telle un électron libre, Alessa embrassait ses choix sans aucun remord, presque sans en mesurer les conséquences. Grâce au sorcier qu'elle avait rencontré, la Vénitienne avait fuis, pour s'en aller. Loin. Très loin de cette terre aujourd'hui suspecte. Bien décidée à arpenter le monde et vivre les choses autrement que par les livres.
Tout comme elle s'éloignait désormais du Pont des soupirs de Venise, la jolie brune entreprit son propre voyage, bien décidé à découvrir les mystères de l'Apôtre disparu et de redorer le blason familial à sa manière. A sa façon, sans sacrifice inutile. Le monde n'était-il pas charmé par sa flûte, après tout? Et le vent ne semblait-il pas troubler l'ordre et appeler à la révélation là où elle passait, désormais?
Deux années, c'était déjà beaucoup pour une jeune femme qui cherchait désormais à revenir à l'origine de ce conte. Dénuée de volonté vengeresse, portée par un vent insouciant, elle était néanmoins bien volontaire dans la cause qui l'avait porté jusque-là.
"Grand Musicien, je percerais ton secret. Quoiqu'il m'en coûte."
« Et si ta vie est tracée, dévie. »
Mental
Beaucoup le diront: la demoiselle représente un bien étrange paradoxe à elle seule. Les yeux étant le miroir de l'âme, initier son portrait par cette contemplation n'est pas un mal.
En fait, vous faîtes bien.
Alessa a ce regard pétillant et vivant que l'on perçoit bien peu de fois au cours d'une vie. Malgré les horreurs de ce monde et la dureté de l'existence, l'émeraude mutin de ses prunelles en amende laisse apparaître une touchante innocence. Et, lorsque l'on se prend à observer la jeune femme dans tout son ensemble, on comprend mieux pourquoi cette dernière semble attirer la sympathie d'autrui. Elle a "ce truc", cette aura qui frôle l'insouciance.
Mais peut-être est-ce un mal pour un bien? Trop longtemps, la fille Carmine a poursuivi les traditions familiales et la fatalité de la vie pour se risquer à arpenter la voie du déni une fois de plus...Alors, errant de ville en ville pour enfin comprendre le rôle qui est le sien, la sorcière fait acte de pénitence à sa manière.
Agréable et amicale, elle a néanmoins la fâcheuse tendance à garder ses soucis pour elle, ce qui lui vaut l'étiquette de "femme imprévisible", hochant sur un coup de tête et guidée instinctivement par ses propres valeurs. Réfléchie, elle a -malheureusement- tendance à ne percevoir que ce qu'elle voit. Ô, ne la pensez pas acquise ni même sotte pour autant. Dans sa prison dorée, elle a eu tout le temps pour apprendre; tout le temps pour comprendre et manipuler à sa guise ce qui se présente face à elle. Car soyons honnête: Ouvrir des opportunités la motive au plus haut point.
Comme la plupart des artistes composant ses chers homologues Partisans, le perfectionnisme des savants ne l'a pas épargné, frappant au moment où il le faut moins. En apprenant à décrypter les quelques moues qui peuvent s'esquisser sur son visage, on apprend finalement que la jeune femme n'est pas si impliquée que cela dans son allégeance: ce n'est qu'un vestige du passé, tout au mieux les restes d'une tradition qu'elle tente de sauver de la tombe familiale.
Néanmoins, Alessa a toujours veillé à entretenir cette simplicité, ce franc parler qui en ferait frémir plus d'un...Mais pas dans le bon sens. Même aujourd'hui, la jeune femme ne tient pas toujours sa langue dans sa bouche, mais qui pourrait lui en vouloir? Les Carmine créaient habituellement d'éminents sorciers, pas des demoiselles en détresse. Placée sous le signe de la dualité, vous serez surpris de voir jusqu'où on peut aller avec l'Italienne. "Le calme avant la tempête"? Voilà ce qui se trame au plus profond d'elle-même: elle est agitée, colérique, en proie aux doutes qui bourdonnent dans son cœur.
Une bombe à retardement, voilà ce qu'elle est et ce qu'elle a toujours été.
Et si ta vie est tracée, dévie! La jeune femme semble porter à cœur cet adage. Car sans lui, il est fort probable qu'Alessa ne serait plus de ce monde.
sonja
Dites-nous tout sur vous~
Age
21 ansComment avez-vous connu le forum ?
Topsite ou parto, m'en rappelle plus x)What else ?
Je cherche Georges du regard avec cette phrase. Honnêtement, cette MàJ a rendu ce forum vraiment beau. Et j'ai vraiment hâte de jouer avec vous tous pour le coup.
« Etiamsi omnes! »
Dernière édition par Alessa Carmine le Mer 2 Mai - 18:40, édité 59 fois